Le Haut Conseil pour le climat appelle la France à tenir le cap d’une baisse des émissions « encourageante » (2024)

Il y a du mieux, mais il faut encore progresser. Le Haut Conseil pour le climat (HCC), qui publie son sixième rapport annuel, jeudi 20juin, juge pour la première fois que les objectifs climatiques de la France pour 2030sont «accessibles», à condition de maintenir dans la durée les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre, les investissem*nts verts et de préserver les forêts. L’instance indépendante estime en revanche que les politiques actuelles, malgré des «avancées significatives», sont «insuffisantes» pour atteindre la neutralité carbone en2050. Parmi ses 65recommandations, elle appelle en outre le gouvernement à renforcer les mesures d’adaptation à une crise climatique dont les impacts s’aggravent dans le pays, jugeant que les populations ne sont pas suffisamment protégées.

«La France est désormais dans une position favorable, et non plus dans le rattrapage des retards du passé. On n’est pas encore sur la bonne trajectoire, mais on peut y arriver, c’est encourageant», explique la climatologue Corinne Le Quéré, présidente du HCC, dont le mandat prend fin le 24juin et qui a décidé de cesser ses fonctions à ce poste. «Il reste beaucoup de fragilités, alors que le gouvernement vise trop le court terme», prévient-elle toutefois. Le rapport ne l’aborde pas, mais le sort de la transition écologique est suspendu aux résultats des élections législatives anticipées, alors qu’une accession du Rassemblement national au pouvoir ferait fortement reculer l’action climatique.

Dans l’immédiat, la France peut se prévaloir d’une accélération du rythme de baisse des émissions, que les douze experts de l’institution appellent de leurs vœux depuis leur premier rapport, en2019. Les rejets carbonés bruts (n’incluant pas l’absorption des puits de carbone) ont reculé de 5,8% en2023, soit plus de deux fois plus que la réduction moyenne entre 2019 et 2022. Au moins un tiers de cette baisse s’explique par des facteurs conjoncturels, en particulier un retour à la normale de la production des centrales nucléaires. Les deux tiers restants n’ont pas pu être analysés précisément et correspondent donc «à la valeur maximale attribuable aux politiques publiques», précise le HCC. Dans tous les cas, 2023est dans les clous, même sans ces effets conjoncturels.

Grâce à ces bons résultats, le budget carbone (plafond d’émissions) sur la période 2019-2023devrait être respecté pour les émissions brutes. En revanche, il devrait être dépassé pour les émissions nettes, qui incluent les puits naturels, en mauvais état. La quantité de CO₂stockée par les forêts est aujourd’hui relativement stable, après avoir fortement diminué sur la période 2013-2017, mais ce puits demeure fragilisé par le changement climatique (sécheresses, incendies). «Il y a aussi un problème avec les sols, en particulier la conversion des prairies en cultures, qui s’accompagne d’émissions importantes», prévient l’ingénieur agronome Jean-François Soussana, membre du HCC. L’instance appelle à une stratégie ambitieuse pour les forêts et pour favoriser le stockage du carbone dans les sols agricoles.

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